On apprend sa condition de femme par les violences subies.
On comprend sa place par le silence qui est imposé.
La honte s’impose par la culpabilisation.
Les violences sexistes et sexuelles sont partout.
Elles régissent les relations sociales. Chacun.e Es développdéveloppent des stratégies pour les supporter. Par la fuite, par le mensonge, en les affrontant, en les soignant…
Suzanne Zaccour est canadienne, elle publie la fabrique du viol qui porte sur sa thèse sur les violences sexistes et sexuelles. Elle témoigne : « Si j’avais à déterminer quel pourcentage de femmes a vécu une agression sexuelle, je parierais sur les 95 %. D’après mon expérience, presque toutes les femmes adultes ont vécu une agression sexuelle. J’ai reçu plus de confidences de victimes que je ne peux en compter.»
La fatigue du quotidien d’être femme survivante, d’être leur avocate, écoutante à kay fanm, proche qui soutient, membre d’un collectif… Ou tout simplement, éveillé.es par les médias féministes (ou pas) et écouter les témoignages des victimes…
Le désespoir de ne pas voir de fin à ce système violent qu’est le patriarcat après tant d’années de luttes féministes.
Provoque des relents d’amertume et facilite les raccourcis qui font reposer la culpabilité sur les femmes victimes. Soit disant, elles sont trop fragiles, elles sont trop naïves, elles l’ont bien cherché au final (‘regarde où elle était’, ‘ce qu’elle portait’, ‘avec qui elle traîne’, ‘ce qu’elle consomme’…).
Cette culture du viol, qui conditionne les femmes à se protéger et leurs proches à les limiter, perpétue les violences.
Qu’est-ce qu’on dit aux jeunes femmes ?
Celles qui se construisent dans l’illusion que leur valeur repose sur leur désirabilité.
Face à elles, l’idéal mesuré par la taille des hanches, la couleur de peau, la forme des seins, le poids de son corps…
Et les impositions qui s’en suivent : la manière de parler, la manière de se tenir, ce qu’elle peut ou ne peut pas faire, ce qu’elle doit ou ne doit pas faire…
Et pour contrôler tout ça : les insultes, les culpabilisations, les moqueries…
Comment on les accompagne ?
Comment on les aide à grandir, à se construire en tant que femmes ?
Il y a des méthodes qui semblent efficaces. Celles du contrôle du comportement et des choix par l’éducation. Qui est conduite par les parents, la famille, la société…
À certaines jeunes filles, on leur apprend à ne pas s’habiller de telle ou telle manière, de ne pas trop se montrer, de ne pas montrer leurs désirs, de ne pas trop faire de bruits… À d’autres, on leur apprend à faire passer par la force, en imposant les limites, en ne faisant pas confiance facilement ou en se méfiant du monde extérieur en général. Il y a aussi les femmes surprotégées, qui ne sortent pas de la maison sans le signaler, qui sont constamment suivies, ou qui ne sont jamais seules… Et bien d’autres enseignements
Tous ces comportements sont des dysfonctionnements, sont des sur-adaptations aux violences qui sont omniprésentes dans ce système patriarcal.
Le féminisme, avec la voix des femmes, avec les témoignages des survivantes, s’attaque aux sources et aux institutions du patriarcat. S’attaque aux violeurs, s’attaque aux institutions qui les défendent, s’attaque à la culture du viol, s’attaque à ces dysfonctionnements qui nous limitent et permettent au patriarcat de s’insinuer dans nos corps, nos voix, nos choix.
Le féminisme, avec la force du collectif, avec la force de la sororité, avec la force de l’inconnu crée ces espaces de résistances et offre un aperçu de liberté. Pour que nos combats, nos voix, nos choix soient guidés par la recherche d’une société sans violences, débarrassée de ces systèmes toxiques que sont le patriarcat, le capitalisme et le colonialisme.
Mathilde, membre de Culture Egalité
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