« S’ils me tuent, je sortirai les bras de la tombe et je serai plus forte.. »
Cette phrase prononcée par Minerva, une des Sœurs MIRABAL nous dit bien la
détermination qui l’animait elle et ses deux sœurs Maria Teresa et Patria.
Nous sommes en République Dominicaine, le pays est sous l’égide du dictateur
Trujillo.. « ses 30 ans de règne sont des années de terreur, de boucherie, de
trahison, de délation, de destruction ! »
Nous sommes plus précisément à Salcedo, une ville du Nord où les 4 filles Mirabal
grandissent dans un milieu aisé opposé à la politique de Trujillo..
Qui sont elles ?
Patria naît un 27 février1924, jour de commémoration de l’indépendance de la République Dominicaine d’où son prénom.
Belgica Adela naît en 1925
Maria Argentina Minerva voit le jour en 1926
Antonia Maria Teresa la benjamine en 1935
Les Sœurs Mirabal suivent chacune sa propre voie
Patria diplômée en dactylographie se marie tôt
Belgica « Dédé » aide son père pour les affaires de la famille
Minerva obtient un diplôme de lettres et philosophie
Maria Teresa étudie les mathématiques
Malgré leur trajectoire diffèrent elles gardent un point commun : leur opposition active
à la dictature de Trujillo
A la maison, pas de photo du président, pas de plaque « Trujillo est Dieu » comme
il l’exigeait.
La rencontre de Minerva avec le dictateur, connu pour être aussi un prédateur
sexuel, lors d’une fête organisée au palais du gouvernement à Santiago bouleverse
le destin de la famille . Trujillo est attiré par Minerva, d’une grande beauté et d’une
intelligence vive.
Il lui fait ses avances et celle ci le repousse avec fermeté ...elle a 23 ans
Elle refuse ses avances par 2 fois
Trujillo est furieux contre cette jeune femme qui s’est permise non seulement, de le
rejeter personnellement, comme homme, mais aussi politiquement.
Commence alors une série d’exactions
- Arrestation du père qui décède en prison de mauvais traitements
- Interrogations de Minerva et de ses amies sur leurs relations avec le Parti
socialiste populaire
- Assignation à résidence
- Emprisonnement
Les sœurs Papillons
De toutes les sœurs, Minerva est la plus active, elle deviendra la première femme
dominicaine à obtenir un doctorat endroit ; mais Trujillo fait barrage à sa carrière
d’avocate .
Elle prend position publiquement ce qui lui vaut d’être arrêtée à plusieurs reprises par
les Services Secrets
Maria Teresa et Petria la rejoignent dans sa lutte..
Dans leurs réunions clandestines d’opposition au dictateur, les trois Sœurs se font
connaître comme les « hermanas mariposas » les sœurs papillons.
Autour des sœurs et de leurs époux naît un mouvement dissident : le mouvement
révolutionnaire du 14 juin, nommé ainsi en hommage à une tentative d’insurrection
durement réprimée le 14 juin 1959
La plupart des membres de la famille Mirabal ,les époux et les enfants adolescents
de Patria rejoignent la lutte.
Bien sûr des janvier 1960 certain.es sont arrêté.es et emprisonné.es.
La condamnation de l’opposition internationale et de l’organisation des états
américains , l’envoi d’observateurs sur place ont conduit à la libération des sœurs
…bien que condamnées à 3 ans de prison.
Les sœurs sont libérées, oui mais leurs époux restent incarcérés
Mortes pour la liberté :
Elles n’abandonnent pas la lutte :
Maria Teresa dira « Ce dont nous sommes peut-être les plus proches c’est la mort,
mais cette idée ne me fait pas peur : nous allons continuer à lutter pour ce qui est
juste »
Trujillo est déterminé à se débarrasser des sœurs Mirabal
Il fait transférer leurs maris à la prison de Salsedo, plus près de chez elles et il peut
ainsi connaître le trajet qu’elles empruntent pour leur rendre visite
Le 25 novembre 1960 alors que Patria , Minerva et Maria Teresa reviennent de leur
visite hebdomadaire à leurs maris, elles tombent dans une embuscade tendue par
des membres des services secrets.
Elles sont conduites dans une maison de campagne
Elles sont assassinées avec leur chauffeur
Leurs corps sont replacés dans leur véhicule
qui est jeté du haut d’ un précipice
Elles avaient 25, 34 et 36 ans
L’assassinat des sœurs Mirabal cause douleur, effroi et indignation dans tout le pays
et renforce l’opposition à Trujillo.
Ce dernier sera assassiné six mois plus tard
Dédé, la seule survivante recueille et élève les 6 enfants de ses sœurs et dédie le
reste de sa vie à honorer leur mémoire.
Se souvenir pour poursuivre la lutte
L’assassinat des sœurs Mirabal a eu des répercussions au-delà des frontières de leur pays et
une vingtaine d’années plus tard, lors de la première Rencontre féministe latino-américaine
et des Caraïbes, qui se tient en 1981 à Bogota , les noms des sœurs Mirabal sont proposés
comme symbole de la lutte contre les violences faites aux femmes.
En 1999, les Nations Unies adoptent une résolution pour que les commémorations du 25
novembre, comme journée phare de la lutte contre les violences faites aux femmes,
s’universalisent .
L’organisation reconnait de cette façon « le symbole de résistance et de lutte » que
représentent les sœurs Mirabal.
« L’histoire des sœurs Mirabal m’a influencée, parcequ’elle a influencé toutes les femmes dominicaines, et je crois, beaucoup de femmes dans le monde. Cette histoire de lutte nous a accompagnées et nous a servi d’exemples »
Minou Tavàrez Mirabal, fille de Minerva et politicienne engagée.
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