Le 05 octobre 2022
Alice GERVAISE
#MeToo, 2006 - 2022.
"When one person says, 'Yeah, me, too,' it gives permission for others to open up."
Tarana BURKE. ª
C’est en 2006, que la militante afro-américaine Tarana BURKE crée le mouvement mondial #MeToo afin de dénoncer les atteintes sexuelles commises sur les femmes et, notamment, sur les minorités dans le Bronx. L’onde de choc médiatique à l’origine de l’explosion du mouvement est provoquée par la publication, le 05 octobre 2017, de l’enquête du New York Times (coécrite par Jodi KANTOR et Megan TWOHEY) sur le producteur, et créateur du studio MIRAMAX, Harvey WEINSTEIN (qui sera accusé par plus de 80 femmes et condamné en 2020 à 23 ans de réclusion pour agression sexuelle et viol).
En France, le scandale de la petite Sarah, en septembre 2017, avait déjà révolté l’opinion publique quelques jours avant les débuts de l’affaire WEINSTEIN. (Cette fillette racisée de 11 ans dont l’agresseur de 28 ans n’était accusé par le parquet de Pontoise que « d’atteinte sexuelle », malgré une plainte pour viol, car le parquet l’a considérait « consentante » faute d’avoir « protester »).
Ainsi, quand le 14 octobre 2017, Sandra MULLER, journaliste Française, lance le hashtag #Balancetonporc, les agresseurs sont montrés du doigt et tenus (parfois) responsables de leurs comportements abusifs : Denis BAUPIN, Patrick POIVRE D’ARVOR, Nicolas HULOT, Gabriel MATZNEFF, Olivier DUHAMEL, David HAMILTON, Jean-Michel MAIRE, Éric BRION, Bertrand DELANOË, Bernardo BERTOLUCCI, Roman POLANSKI, Luc BESSON, Pierre JOXE... Le rideau est tiré, ils sont exposés, démystifiés et (rarement) délégitimés.
Le 15 octobre 2017, 11 ans après la création du mouvement, l’actrice Américaine Alyssa MILANO reprend le hashtag #MeToo de Tarana BURKE, lequel déferle alors comme un raz de marée sur les médias sociaux et gagne de nombreux pays. (#MoiAussi au Québec, #QuellaVoltaChe en Italie, #ana kaman'' en Palestine, #WeTooJapan au Japon, #YoTambién en Espagne, #Memyös en Finlande, #من†_هم†_همینطور†en Iran, #Nãoénão au Brésil, #미투 en Corée du Sud, #我也是†en Chine #WoYeShi à Taiwan, etc.). Le paradigme change et la honte change de camp.
#MeToo a permis de libérer la parole des femmes dans beaucoup de domaines (le cinéma, l’édition, le théâtre, les médias, la politique, le sport, l’industrie pornographique…) et le mouvement s’est étendu aux violences faites aux femmes et au harcèlement de rue. En outre, des livres ont aussi contribué à ce phénomène (La Consolation de Flavie FLAMENT (2016), Consentement de Vanessa SPRINGORA (2020), La Familia Grande de Camille KOUCHNER (2021),…).
En France, ce mouvement a conduit à des avancées notables, notamment, culturelles, jurisprudentielles et législatives. En 2021, le code pénal a été modifié: un enfant en dessous de 15 ans est considéré non consentant pour un acte sexuel avec un adulte (18 ans en cas d’inceste). En 2018, la prescription pénale pour les crimes sexuels sur mineurs a été étendue de 20 à 30 ans après leur majorité, etc. En mai 2022, la cour de cassation a confirmé la relaxe de Sandra MULLER, accusée de diffamation par Éric BRION.
Nous observons aussi que les messages d’associations féministes, comme Culture Egalité, sont mieux entendus par la société et que les jeunes hommes se reconnaissent de moins en moins dans le patriarcat.
Cependant, 5 ans après l’affaire WEINSTEIN, chez Culture Egalité, nous savons la force et le poids qu’à toujours la culture patriarcale et nous continuons de militer en priorité, auprès des filles et des femmes afin qu’elles soient toujours profondément conscientes de la politique entourant leur propre corps.
In fine, nous nous félicitons que ce débat ait occupé une si grande partie du cycle de l'actualité au cours des dernières années car la voix des femmes compte, même si le statu quo ne change pas toujours en réponse à leur témoignage ! Chez Culture Egalité, nos attentes restent grandes et nous affirmons aux femmes qu’elles ne sont pas seules…
Pé bouch fini !
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